Par exemple, il est injuste de demander aux gens de chair de s’incliner devant la supériorité intellectuelle comme il est injuste de demander aux gens d’esprit qu’ils reconnaissent l’autorité de la force. Bonjour Frédéric Il faut bien investir certains individus des fonctions d’autorité sans lesquelles il n’y a pas d’ordre social possible. L’un unit les hommes dans l’amour de bienveillance. Car si l’institution sociale est de pure convention, les conventions sociales sont présentées ici comme cautionnées par la loi divine ou loi naturelle. Que faut-il entendre par là ? Premier discours sur la condition des Grands. Parce qu’il a plu aux hommes. C’est ce qui vous distingue un peu de cet homme qui ne posséderait son royaume que par l’erreur du peuple, parce que Dieu n’autoriserait pas cette possession et l’obligerait à y renoncer, au lieu qu’il autorise la vôtre Mais ce qui vous est entièrement commun avec lui, c’est que ce droit que vous y avez n’est point fondé, non plus que le sien, sur quelque qualité et sur quelque mérite qui soit en vous et qui vous en rende digne. 1670, Humilité 2 – Définition | e-ostadelahi.fr, « Trois Discours sur la condition des grands », Blaise Pascal – le philo fil, https://www.philolog.fr/trois-discours-sur-la-condition-des-grands-pascal-1670/. Dans la société d’Ancien Régime, il y a les nobles et les roturiers. Pascal voit bien ici le ressort majeur de l’ordre politique et il en tire une leçon de sagesse politique à l’endroit de son élève. Pascal ne dit pas que les hommes éprouvent naturellement du respect pour les grandeurs naturelles. Ce n’est point votre force et votre puissance naturelle qui vous assujettit toutes ces personnes. Ainsi vaut-il mieux des lois imparfaites que l’absence de loi. Ce qui est né de la chair, est chair ; et ce qui est né de l’Esprit est esprit. Sortirons-nous de la spirale de la haine sociale et du ressentiment ? Ce que je vous dis ne va pas bien loin ; et si vous en demeurez là, vous ne laisserez pas de vous perdre ; mais au moins vous vous perdrez en honnête homme. La leçon est morale : le philosophe chrétien appelle dans un premier temps à la modération et à l’humilité. C’est être maître de plusieurs objets de la concupiscence des hommes, et ainsi pouvoir satisfaire aux besoins et aux désirs de plusieurs. ». Leur justice n’est que de convention mais il ne s’agit pas d’en discuter la légitimité dans l’ordre qui est le leur. Mais ce n’est là que le premier niveau de la problématique du texte, le plus simple. Si l’une tire sa gloire de sa force et de sa domination dans le concert des nations, l’autre tire sa gloire de son absorption dans la perfection divine. On entend par là un récit allégorique contenant un enseignement théorique et moral. Figures de la corruption de notre nature : la souveraineté de l’ordre naturel. Mais si vous étiez duc sans être honnête homme, je vous ferais encore justice, car en vous rendant les devoirs que l’ordre des hommes a attachés à votre naissance, je ne manquerai pas d’avoir pour vous le mépris intérieur que mériterait la bassesse de votre esprit ». « Mon royaume n’est pas de ce monde » disait le Christ. Elle est aussi contingente que l’existence : « Vous tenez, dites-vous, vos richesses de vos ancêtres; mais n’est-ce pas par mille hasards que vos ancêtres les ont acquises et qu’ils les ont conservées? Elle n’est pas encline à se soumettre à la loi transcendante d’amour et de justice car elle est sous l’empire des diverses concupiscences oeuvrant en elle. Un homme est jeté par la tempête dans … Pourquoi philosopher? Justification du paradoxe : la confusion des ordres. 1 Dans la préface qui précède le texte, Nicole écrit que Pascal voulait contribuer à « l’instruction d’un prince que l’on tâcherait d’élever de la manière la plus proportionnée à l’état où Dieu l’appelle, et la plus propre pour le rendre capable d’en remplir tous les devoirs et d’en éviter tous les dangers. Leur attribution à Pascal reste soumise à caution. Je ne vois vraiment pas pourquoi je serais offensé par la grandeur de Pascal, à ce compte ci je ne devrais jamais aller au concert ! Les deux ordres naturels, aussi bien celui de l’esprit que celui des corps participent de cette déchéance. Lisez ce Littérature Compte Rendu et plus de 248 000 autres dissertation. S’il leur avait plu d’ordonner que ces biens, après avoir été possédés par les pères durant leur vie, retourneraient à la république après leur mort, vous n’auriez aucun sujet de vous en plaindre. Etonnante affirmation pouvant paraître scandaleuse. Ce sont des rois de concupiscence. Bref je vois l’ontologie castoriadisienne (articulation ensembliste-identitaire/poïétique et ses conséquences sur la raison, les idées l’idéal et donc…la justice) et sa défense acharnée de la démocratie comme plus vraisemblables, plus fertiles et plus profondes. Pascal évoque en effet la responsabilité morale des Grands dans la chute du « peuple qui [les] admire » et qui, en enviant leur sort, est conduit à négliger sa propre sanctification. Lisez ce Littérature Compte Rendu et plus de 248 000 autres dissertation. Ce sont « les cordes de l’imagination » (selon son expresion) qui font tenir n’importe quel ordre, l’ordre démocratique comme les autres. D’où sa frénésie à « passer tout le jour à courir après un lièvre qu’il ne voudrait pas avoir acheté » et sa recherche des marques de reconnaissance sociale, tout cela participant de ce que Pascal appelle le divertissement. Au contraire, elle ne prend sens que sur fond de sa critique radicale de la raison dont le procès est instruit sur des présupposés théologiques. Les Euménides Pascal, Pensées sur la justice. Il faut parler aux rois à genoux ; il faut se tenir debout dans la chambre des princes. Nous voilà incontinent aux mains, chacun prétend être ce plus vertueux et ce plus habile. Il faut mépriser la concupiscence et son royaume, et aspirer à ce royaume de charité où tous les sujets ne respirent que la charité, et ne désirent que les biens de la charité. Les révolutions du XXI° siècle. Raison pour laquelle, dans son dernier discours, Pascal souligne que le salut de l’âme du « grand » est de toute façon compromis car les occasions de se perdre sont multiples. Vous êtes de même environné d’un petit nombre de personnes, sur qui vous régnez en votre manière. Ce titre contient trois discours de Blaise Pascal, sur la condition et la place des hommes dans la société.Ils sont extraits du Traité sur l'éducation d'un prince, dans lequel Pascal s'adresse à Charles Honoré de Chevreuse, fils du duc de Luynes. Avant la convention qui décide de ces déterminations il n’y a ni juste, ni injuste. Cependant le propos de Pascal consiste ici à limiter cette expérience de la condition humaine à un cas particulier, celui du naufragé appelé à occuper indûment le trône sur l’île où il a échoué. – le troisième discours met en lumière les jeux de pouvoir et de puissance et désacralise complètement les plus hautes positions sociales. Mais y en a-t-il moins dans les personnes de condition qui vivent dans un si étrange oubli de leur état naturel? Beaucoup qui étaient puissants ont tout perdu, des gens dont tout le monde parlait sont tombés aux mains d’un nouveau venu. B. Ne vous imaginez pas que ce soit par un moindre hasard que vous possédez les richesses dont vous vous trouvez maître, que celui par lequel cet homme se trouvait roi. La transmission du patrimoine selon le droit écrit ne lui confère aucun caractère acquis ou définitif. C'est Pierre Nicole, dans De l'éducation d'un prince publié en 1670 qui retranscrit ces discours. Tout l’objet du second discours est donc une entreprise de démythification du secret de la grandeur : « Le peuple […] croit que la noblesse est une grandeur réelle, et il considère presque les grands comme étant d’une autre nature que les autres ». Celles-ci forcent l’estime, l’admiration. Ils doivent, apprend-on, « être néanmoins accompagnés selon la raison d’une reconnaissance intérieure de la justice de cet ordre ». Réel s’oppose à fictif. Cordialement. Le second restaure le respect dû aux personnes publiques, non en vertu de leurs mérites mais au nom de la fonction. Mais en connaissant votre condition naturelle, usez des moyens qu’elle vous donne, et ne prétendez pas régner par une autre voie que par celle qui vous fait roi. Or, quoique après un si long temps il ne puisse pas dire que ce soient les propres paroles dont M. Pascal se servit alors, néanmoins tout ce qu’il disait faisait une impression si vive sur l’esprit, qu’il n’était pas possible de l’oublier. Premier discours : 1) Cette allégorie du naufragé consiste à dire que celui-ci a été reconnu roi par tous un peuple car il ressemble de corps et de visage à leur roi qui s'était perdu, ce rôle ne lui revient donc pas de droit car il est en quelque sorte un « usurpateur ». B.326. ▲ C’est elle qui règne en souveraine dans le monde et sa souveraineté est telle que le penseur, soucieux de déjouer les effets d’illusion qu’elle produit sur la scène mondaine,  doit l’instrumentaliser pour produire des effets de vérité. Blaise Pascal, Trois discours sur la condition des grands (3) dominicanus — 22 Avril 2008 — #La vache qui rumine (Année A) « […] en connaissant votre condition naturelle, usez des moyens qu’elle vous donne; et ne prétendez pas régner par une autre voie que par celle qui vous fait roi. D’abord il ne savait quel parti prendre ; mais il se résolut enfin de se prêter à sa b… Il en est des Grands ce qu’il en est de notre naufragé. Qu’est-ce que la philosophie? Soit un ordre est arbitraire et on signifie qu’il n’est pas justifiable en raison, soit il est justifiable rationnellement et il est contradictoire de le décrire comme arbitraire ou fantaisiste. » Pascal, en philosophe, s’arrête donc à la liberté d’indifférence à l’égard des biens matériels ; il laisse alors le soin aux prédicateurs et aux directeurs de conscience de dispenser enseignements ou conseils de vie évangélique pour mener plus avant les âmes dans la voie de la perfection, de la justice divine parfaite qui seule parachève l’équité par l’amour. En effet ces deux formes de la grandeur ne s’imposent pas de la même manière : si la première relève de l’apparence, du décorum, si elle impressionne l’imagination, la seconde appartient à la constitution personnelle, elle est appréciée par la raison. « Rêver d’un ordre qui serait humainement faisable et qui ne serait point un désordre, c’est tout mélanger, c’est prendre les hommes pour des dieux ou pour des anges ; c’est l’erreur des philosophes. Les inégalités physiques, intellectuelles ne sont pas synonymes d’inégalité morale. ai je bien compris?! Mais comme un ordre est absolument nécessaire, on a fait en sorte que « la force soit juste ». Dieu est environné de gens pleins de charité, qui lui demandent les biens de la charité qui sont en sa puissance : ainsi il est proprement le roi de la charité. La grâce schopenhauerienne n’est peut-être pas la même, mais dans les deux cas, il y a un mépris fâcheux vis à vis de l’agir politique au sens plein du terme. Elle n’est plus circonscrite au respect scrupuleux de la règle, elle s’accomplit dans l’ordre de la « charité » au point de rendre la règle inutile comme l’avait exprimé Augustin d’Hippone dans Dix traités sur l’épître de Saint-Jean aux Parthes : « Aime et fais ce que tu veux ». (Réponse à la question 5), La remarque suggère aussi que la position de Pascal est moins conventionnaliste qu’elle s’affiche. Mais d’où ces mariages dépendent-ils ? Ne leur découvrez pas cette erreur, si vous voulez ; mais n’abusez pas de cette élévation avec insolence, et surtout ne vous méconnaissez pas vous-même en croyant que votre être a quelque chose de plus élevé que celui des autres. Cette « image » doit permettre d’« entrer dans la véritable connaissance de [la] condition » humaine des Grands. PUF. « A quoi bon une philosophie qui ne dérange personne ? Contentez leurs justes désirs, soulagez leurs nécessités ; mettez votre plaisir à être bienfaisant ; avancez-les autant que vous le pourrez, et vous agirez en vrai roi de concupiscence. En fait ce qui importe c’est leur pouvoir d’évocation. Le deuxième enjeu de la parabole est d’établir que, Enfin cette parabole montre que l’ordre social n’est pas ce qui est imposé par la force par des dominants même si ce qui le sous-tend est, en dernière analyse, la force. Que Pascal établisse le principe d’une institution imaginaire du social je l’ai reconnu, c’est d’ailleurs un des pôles de ma proposition de paradoxe. Par exemple, la vertu de sagesse est une valeur dans l’absolu, non relativement à la fantaisie des peuples. Cet ordre n’est fondé que sur la seule volonté des législateurs qui ont pu avoir de bonnes raisons, mais dont aucune n’est prise d’un droit naturel que vous avez sur ces choses. Tous mes voeux de réussite. Il faut s’oublier soi-même pour cela, et croire qu’on a quelque excellence réelle au-dessus d’eux, en quoi consiste cette illusion que je tâche de vous découvrir. Bien au contraire, celle-ci s’en trouverait fragilisée. Un caïd est admiré dans certains espaces alors qu’un honnête jeune homme peut être moqué. troubler). pouvez vous m’éclairer? Toute institution, tout établissement humain, met en jeu des conventions. Auteur des Essais de morale. » Je leur impose de mettre en oeuvre la formule de Hegel : « Qui n’a pas justifié n’a pas encore compris ». La liberté intellectuelle et morale est inaliénable. Pascal, à l’école de Jésus de Nazareth, recourt en effet à un récit allégorique intemporel pour développer un enseignement moral et métaphysique à l’intention d’un jeune noble2 indiqué par la présence du « votre », probablement le fils aîné du duc de Luynes, futur duc de Chevreuse. Il va de soi que ces différentes grandeurs appellent différents types de respect. Ce sont ces besoins et ces désirs qui les attirent auprès de vous, et qui font qu’ils se soumettent à vous; sans cela ils ne vous regarderaient pas seulement; mais ils espèrent, par ces services et ces déférences qu’ils vous rendent, obtenir de vous quelque part de ces biens qu’ils désirent et dont ils voient que vous disposez. Ils vous demandent les biens de la concupiscence ; c’est la concupiscence qui les attache à vous.