Pourquoi faudrait-il démontrer par réfutation ce à partir de quoi l’on procède dans une démonstration ? A la croyance selon laquelle il existerait une ressemblance entre les mots, les états de l’âme et les choses, la vraie science, telle que la pratique le Philosophe, a substitué une ressemblance exercée par le jugement et exprimée par la proposition. Dans cet extrait du livre gamma de Métaphysique, il procède de manière dialectique selon une méthode réfutative. Autrement dit, s’appuyant sur la dimension signifiante du discours et non pas sur sa dimension judicative ou sur sa portée ontologique, le Philosophe prend bien garde de ne pas ancrer le discours dans une prémisse logique ou ontologique étrangère ou contraire à son adversaire. La valeur du mot dépend davantage de la signification que nous lui donnons que de son être : c’est une imposition de sens qui est une limite à la contradiction plutôt que le mot lui-même. Aristote poétique explication de texte L'art est un thème récurrent dans la pensée philosophique. Ce dernier, si particulier parmi les penseurs, pourrait se régaler d’une telle mise en scène, d’une telle dramaturgie de l’incohérence, puisqu’il estime être précisément capable de faire paraître les choses tantôt ainsi tantôt autrement. � �=�r#Ǒg2b��G��n| _�1Ł$zə�#۫P0 Ce procédé socratique, qui consiste à l’amener à se contredire sans jamais être soi-même dans cette configuration d’incohérence, n’est pas le procédé approprié à son contradicteur. Dès l’instant où il entre dans le jeu de la signification autrement dit où il entretient ce jeu et prétend même exceller dans ce registre, il atteste de ce que pourtant ostensiblement il récuse. Certes, on peut trouver une formulation proche de cet énoncé chez Platon, dans la République15. Merci de votre aide Aristte,philosophe de l'antiquite,disciple de Platon a essayé de répondre aux questions suivantes; Quelle est la specificite de la philosophie? L’essentiel n’était donc pas de répéter après Parménide et Platon qu’ « il n’est pas vrai que tout serait ainsi et non ainsi » mais de le « démontrer par voie de réfutation » et d’une manière immanente au langage. Nombreux sont pourtant ceux qui contestèrent et contestent encore le statut de principe d’une telle proposition tant ils pensent la possibilité que le même soit et ne soit pas. La pétition de principe dans lequel sombrerait « celui qui cherche à faire une démonstration » consisterait à rattacher son argumentation au principe de non-contradiction, qu’il croirait évidemment valable mais à laquelle le contradicteur ne donnerait pas son assentiment. Généralement, une démonstration consiste à déduire une propriété à partir de la définition d’une essence. Classé dans: Agrégation, CAPES, Concours de philosophie. Indémontrable, saisi de manière intellectuelle, il est ce sur quoi repose en dernière instance toute la science démonstrative si bien que l’édifice trouve en cet axiome sa véritable assise. Dès lors, comment établir la véridicité de ce principe alors même que tout recours à la démonstration se présente comme impossible ? En outre, elle repose sur une prémisse qui, sans être nécessairement vraie, doit être soumise à l’approbation de l’interlocuteur, sans quoi l’entretien avec l’interlocuteur/contradicteur ne pourrait avoir lieu. Il est celui qui en répond au sens où il défend la cause du principe qu’il a précisément l’intention de nier. Il manifesterait qu’il serait « semblable à une plante » autrement dit qu’il ne serait même pas un animal doué d’une voix permettant de signifier la douleur et le plaisir à lui-même et à ses congénères. S’il n’est possible d’étayer la preuve du premier principe ni sur une analyse des étants (l’ontologie), ni sur une analyse des jugements qui en rendent la vérité (la logique), il reste à s’inscrire sur le seul terrain susceptible de convenir à l’adversaire afin de l’amener à en concéder lui-même la vérité. Le travail consistant à « chercher un argument » pour contrecarrer l’argument adversaire va s’avérer fécond. Comme E. Sapir l’a mis en évidence, écouter parler suppose que l’on soit sourd à la diversité des bruits pour ne retenir de la réalité des sons que leur structure fonctionnelle extrêmement réduite (une vingtaine de phonèmes). La clause de l’entretien fictif est minimale : il suffira que le contradicteur « dise quelque chose » pour que l’on puisse le réfuter. Déjà utilisé par Platon lui-même dans le Théétète contre la thèse de Protagoras, il consiste à inclure la position du contradicteur dans ce qu’il prétend exclure. Le discours en général n’est pas directement susceptible d’être vrai ou faux, seul celui qui divise et compose sous la forme de la proposition peut l’être (ainsi par exemple la prière est un discours, mais n’est pas une proposition). Il faut dégager des concepts de base possédant une signification particulière et détenant une fonction précise dans le texte. 15. Ainsi, demander à un contradicteur du premier principe de dire quelque chose revient à lui demander un minimum de coopération et à l’impliquer dans les conditions de la communication. Le statut indémontrable du principe de non contradiction atteste à la fois que le concept même d’une science non démonstrative n’est pas un concept vide et que la simple réfutation des arguments contraires permet de déboucher sur une vérité absolument première. Pour que la sophistique soit possible, et elle est possible, il suffit d’admettre que le discours ait une dimension signifiante ; l’admettre c’est attester l’effectivité de la non contradiction. Dans l’hypothèse où le contradicteur refuserait d’engager l’entretien et se réfugierait dans le mutisme, « s’il ne dit rien », à la manière d’Antisthène par exemple pour qui le logos coïncide avec l’être même, que faire ? Accepter le terrain de l’adversaire, c’est ainsi tirer avantage d’une pratique argumentative immanente au discours. A cet effet, il va s’expliquer plus avant sur la forme de sa démonstration en démarquant avec soin la démonstration par réfutation de la démonstration scientifique si bien que l’auteur responsable d’une pétition de principe ne sera pas celui que l’on imaginait… Par ailleurs, il confirmera que la seule prémisse concédée par les interlocuteurs est bien celle d’une intention de signification et non pas de vérité. Cependant, le responsable en sera non celui qui cherche à démontrer, mais celui qui soutient l’argumentation car, en détruisant un argument, il soutient un argument qu’il détruit. Comment peut-on prétendre « démontrer » le principe le plus ferme de tous simplement en réfléchissant sur les conditions d’une communication des hommes entre eux ? Explication par le texte. La convention est certes une activité du sujet qui donne son accord, son consentement. S’il ne parle pas ainsi que nous, s’il ne manifeste pas que ce qui agit en lui à titre de principe et de cause immanente relève bien du logos, il redescend de deux degrés dans la hiérarchie des âmes, devenant âme végétative, incapable même d’une voix. La Métaphysique est un ensemble de 14 livres réunis non par Aristote lui-même, mais par le bibliothécaire Andronicos de Rhodes, après la mort de celui-ci. (Couverture de la Poétique d'Aristote, Exemplaire de 1733 conservé aux châteaux de Malmaison et Bois-Préau) Imiter est naturel aux hommes et se manifeste dès leur enfance (l’homme diffère des autres animaux en ce qu’il est très apte à l’imitation et c’est au moyen de … Métaphysique d’Aristote est unanimement reconnue comme la perfection éternelle de la sagesse antique. Le contradicteur se voit ainsi contraint de concéder que la non contradiction est le caractère même de la vérité et qu’elle est en même temps l’étoffe de la réalité. A ces questions, il faut donner une réponse avant tout procédurale, ancrée dans la pratique de celui qui cherche à « produir [e] des arguments ». Au lieu de déployer à la manière de Platon une véritable traque le conduisant, comme dans le Sophiste, à accomplir un parricide et à modifier de fond en comble son ontologie pour déloger le sophiste, Aristote lui demande simplement de « signifier quelque chose ». C’est pourquoi l’adresse du texte concerne bien moins Héraclite ou Empédocle que les sophistes Gorgias ou Protagoras. Aristote, extrait de Métaphysique. Songeons encore une fois à l’Eloge d’Hélène par Gorgias tour à tour coupable (selon la tradition) et innocente (par la force de son verbe). Comment ne pas obtenir d’un sophiste qu’il dise au moins quelque chose, lui qui se prétend expert dans le maniement du dire ? Aristote, Métaphysique, A, 1, trad. Dans son usage de la parole, il répond de la non contradiction. ». Aristote s’accorde avec Platon pour dire que le premier principe est inconditionné. Toutefois, au lieu d’une contemplation, il fait l’objet d’un savoir dialogique. La subtilité de cette défense réside précisément dans son caractère « minimaliste » : à la profusion des effets recherchés par le sophiste, à la multiplication des parades et des revirements, Aristote oppose une seule prémisse dialectique que, par ailleurs, ce contradicteur ne peut pas lui refuser faute de ne plus témoigner ni de son humanité ni de son expertise. C’est pourquoi, loin de les écarter, Aristote fait fond sur des objections dont il ne minimise pas le danger puisqu’il ne cherche pas seulement à en enrayer la diffusion mais à en saper la possibilité. En effet, l’interlocuteur n’est pas censé accorder autre chose que la visée de signifier quelque chose à quelqu’un, il ne lui est demandé rien d’autre que de communiquer un sens. Cependant, en se polarisant sur la recherche de ses effets persuasifs, ils ont manqué sa dimension signifiante alors qu’elle est décisive pour leur pratique même. Après avoir soutenu qu’il suffit que le contradicteur dise quelque chose pour établir la véridicité du principe de manière réfutative, tout le propos d’Aristote consistera à démarquer avec soin la démonstration par réfutation de la démonstration scientifique afin de ne pas tomber à son tour dans le piège de la pétition de principe. « Si l’on ne posait pas de limites et qu’on prétendît qu’un même mot signifiât une infinité de choses, il est évident qu’il n’y aurait plus de langage » (Métaphysique, Gamma, 4). Lisez ce Philosophie Commentaire de texte et plus de 247 000 autres dissertation. Or, dire quelque chose, ce n’est pas simplement émettre des sons au moyen de la voix. Plus ou moins virulentes, de telles attaques vident de son contenu le concept même d’une science non démonstrative et elles fragilisent aussi la possibilité d’établir une science démonstrative. De manière concise, Aristote répertorie tout ce son contradicteur est contraint de concéder dès lors qu’il a manifesté sa capacité de dire quelque chose à quelqu’un. Dire quelque chose, c’est toujours rendre partageable ce qui est senti ou pensé dans le cadre d’une parole adressée. En cherchant à détruire un argument (en l’occurrence celui de l’impossibilité de la contradiction), il atteste ce qu’il est censé vouloir détruire (à savoir le principe de non-contradiction). “Le visage de la Métaphysique, et plus particulièrement de son livre Alpha, n’en sera pas changé au point que l’on doive redécouvrir ces textes d’Aristote” (p. 82). en bronze de Lysippe). ]v�@�����C��øYj=�)[�x�>�y�1��RE�����w6�"��kx�/'�^R'}7� a� �ƛ��&�t9'�x瓡'�˵N�� ��0�L�;+��Ga�p�����p/��%S���\���΋^#�� �0���Z�9������$��4��Vk3�c�*�*����M};��,�ol��,lvv�G�Qk��C�w�#U@���T6 Toutefois, un cap est franchi dès que l’on affirme l’identité des contraires à la manière d’un Héraclite, l’identité de l’être et du non-être à la manière de Gorgias ou encore que l’on soutient avec Protagoras que les choses ne sont rien d’autre que leur apparition. Le plus simple langage est articulé au sens où il atteste de la présence d’un logos au-delà d’une voix. La bonne pratique du discours concerne alors le rapport entre deux « assertions » liées entre elles, à savoir celle que l’on veut transmettre et celle sur laquelle s’appuie la première : il ne faut pas que l’argument à transmettre s’appuie sur un autre qui le nie. La démonstration est la forme de déduction caractéristique de la science. » (Eloge d’Hélène). Puisque sa force tient à ce qu’il impose son propre terrain, dès lors qu’un entretien s’engage avec le sophiste, il ne faut surtout pas viser les choses mêmes ou l’acribie du jugement. Explication de texte ARISTOTE, Métaphysique A. Aristote met en relief avec cette définition l’universalité de la métaphysique, dans le sens qu’elle s’occupe non pas d’un secteur de la réalité mais de la réalité dans sa totalité. Explication du texte: Aristote, Métaphysique, Livre gamma, 1006a [10-29]. Que la non contradiction soit l’étoffe même du réel et la condition de véridicité de nos jugements, tel semble être le point d’Archimède de la métaphysique classique depuis Aristote. Comme sous l’influence de son âme, il ne peut pas ne pas le faire, il faut qu’il accède à la demande. Aristote, disciple de Platon, développe dans cet extrait de Métaphysiques que la philosophie, fille de l'étonnement , permet la reconnaissance de l'ignorance. Nietzsche, Vidéos des Rencontres Philosophiques d’Uriage 2018. L’essence de la proposition ne se trouve pas davantage dans l’énonciation isolée (un mot égaré comme bouc-cerf n’est ni vrai ni faux) que dans les seuls termes à composer. A l’inverse du jugement, qui porte la charge du vrai ou du faux (conjonction disjonctive) (408c), le logos, selon la formule du Cratyle, « chose double », est tout autant aléthés que pseudés (en sorte que posséder la vérité, c’est aussi être capable de tromper). Comme que ne manqueront pas de les répertorier les sceptiques dans leurs tropes, la pétition de principe est l’un des pièges logiques dans lesquels la raison est susceptible de tomber. Ainsi, abstraction faires des onomatopées, le discours ne ressemble en rien aux choses en tant que discours mais seulement dans la mesure où il affirme quelque chose de vrai. Puisque la bonne pratique argumentative consiste avant tout à éviter la pétition de principe, il ne s’agit pas de montrer aux sophistes que leur langage est faux mais seulement de leur faire comprendre qu’il n’est pas significatif. « En effet, ne pas signifier une chose, c’est ne rien signifier du tout, et, si les noms ne signifiaient rien, en même temps serait ruiné tout dialogue entre les hommes et même, en vérité, avec soi-même » (Métaphysique, Gamma, 4). Or, si l’on s’accorde pour dire quelque chose, et l’on s’accorde pour dire, alors « quelque chose sera défini » : la condition de tout discours signifiant est, sinon l’univocité, du moins la régularité d’une imposition de sens, d’un dire (signifiant) plutôt que du dit (des mots). Il lui demande simplement de proférer un discours doté de signification. Se déplaçant sur le terrain de son contradicteur, à savoir celui du discours, il le force à comparaître et ceci, moins pour rivaliser avec lui en déployant une batterie d’arguments censée le prendre au piège de ses contradictions, que pour lui demander de « dire au moins quelque chose ». L’entretien mettra donc aux prises deux intervenants qui sont en contradiction au sujet du principe de non-contradiction puisque l’un nie dans sa totalité ce que l’autre pose. Rappelons que signifier ne consiste pas à renvoyer du mot à la chose (ce qui supposerait l’adhérence immédiate de l’être à la parole) car le rapport de signification (sumbolon) est un rapport médiat et non naturel exigeant une intervention de l’esprit sous la forme d’une imposition de sens. « Il est cependant possible de démontrer par voie de réfutation, même sur ce point, qu’il est impossible , dès lors que le contradicteur dit seulement quelque chose ; or, s’il ne dit rien, il est ridicule de chercher un argument contre qui n’a d’argument sur rien, en tant qu’il n’en pas, car, en tant que dès lors il est tel, un tel interlocuteur est semblable à une plante. Contrairement à l’opinion de Cratyle, les mots ne sont donc pas un produit direct des choses. Par ailleurs, avouons qu’il serait pour le moins surprenant que le sophiste refuse de dire quelque chose. Dès qu’il est acquis, nous sommes engagés dans une circulation sociale et objective des mots ainsi que dans toutes les surprises ou disputes qui tiennent à leur arbitraire, non seulement aux imperfections qui en découlent, mais aussi aux abus dont les hommes se rendent coupables. A travers sa contradiction performative, il porte témoignage du principe, il est le véritable auteur de la réfutation. Au cours de ce texte, Aristote nous propose en quelque sorte de définir les prémisses de son épistémologie ou plus exactement, nous rappelle les points importants qu’il a déjà développé dans la Physique ainsi que dans les Seconds analytiques. Selon Aristote, l'art, notamment l'art poétique, a une origine profondément naturelle, innée à l'homme. Ce n’est pas seulement à la qualité physique du son qu’il se reconnaît : le même mot peut d’ailleurs être prononcé avec quantité de variantes acoustiques. Que tout se présente immédiatement de manière instable, que les contraires se succèdent, se conjuguent voire s’annulent, que les opinions soient versatiles et contradictoires, soit. J.-C. Commentez cette citation. La charge de la preuve se trouve ainsi retournée : elle échoit au négateur du principe de non-contradiction car dès qu’il consent à « signifier quelque chose », il ne peut pas ne pas l’avoir signifié. La stratégie d’Aristote suggère qu’ayant affaire, en guise de contradicteur, à un expert dans le maniement de la contradiction, il lui faut composer avec cette expertise. Toute proposition vraie n’est pas démontrable, certaines sont vraies et immédiates sans démonstration, c’est le cas du premier principe. L’argument d’Aristote revient donc à réfléchir, d’un point de vue pragmatique, sur les conditions d’effectuation du discours. C’est ainsi moins à son ontologie et à sa logique qu’à sa théorie du langage que recourt ici Aristote pour confondre son contradicteur.